Notre changement de cap

Après avoir été proche de l’entrée du passage du Nord-Ouest (Baie de Disko), nous avons décidé de ne pas nous y engager. Cette décision, nous l’avons prise lors de notre arrivée au Groenland. Non pas que nous doutions de notre capacité à effectuer ce passage (bien qu’une panne moteur grave peut entraîner une immobilisation et l’avortement de ce projet si pas de moteur hors-bord en spare), nous avons décidé de ne pas y mettre les pieds pour plusieurs raisons:

1 . Les distances à parcourir, trop longues à notre goût. Après être partis d’Espagne en mai 2024, la préparation ainsi que le trajet pour parvenir au Groenland nous ont amenés à avoir un rythme de travail et de voyage soutenu. En fait, nous sommes arrivés au Groenland épuisés et dans des paysages à couper le souffle. La décision s’est donc faite assez naturellement : prendre notre temps et visiter l’Ouest d Groenland. On voyage en voilier pas en avion. Voyager loin signifie passer beaucoup de temps en haute mer ou s’arrêter très peu là où l’on passe. Pour certains , cela peut être un objectif enviable. Pour nous la haute mer nous a mis face à une réalité : se rendre dans le Pacifique va nous contraindre à effectuer des distances encore plus longues. On va être dans le bleu pendant longtemps sans mettre pied à terre ou être pressé en descendant la côte Ouest du Canada et des États-Unis (hiver oblige).

Après avoir été proche de l’entrée du passage du Nord-Ouest (Baie de Disko), nous avons décidé de ne pas nous y engager. Cette décision, nous l’avons prise lors de notre arrivée au Groenland. Non pas que nous doutions de notre capacité à effectuer ce passage (bien qu’une panne moteur grave peut entraîner une immobilisation du voilier et l’avortement de ce projet) nous avons décidé de ne pas y mettre les pieds pour plusieurs raisons.

Globicéphales ridant l'océan, un spectacle de toute beauté
Mouette rieuse aux Açores

2. Être pressé par le temps. Le temps de l’ouverture du passage est environ de 2 semaines en moyenne sur le passage critique. Ce qui oblige à aller vite dans un endroit avec peu de vent ou des vents contraires dominants. Soit beaucoup de moteur et peu d’arrêts.

3. La consommation de Gasoil requise: environ 80% de moteur sur 2500 Milles. Nous avons un bateau lourd, un moteur puissant (100CV) et donc une consommation importante : 3,5 à 4 L/h pour une vitesse de 5 nœuds, soit entre 1750L et 2000L de gasoil + chauffage au gasoil. A 4 équipiers, le coût et la consommation de Gasoil était moindre, à 3 elle l’est moins (un équipier est parti en cours de route). Ça n’en reste pas moins conséquent, environ 500L par personne à 4, soit un billet d’avion Paris-Tahiti par personne (si l’avion est plein). Et là, on se dit : on est une P’tite Goutte de quoi ? Une Grosse Goutte de Gasoil ouais !!! Vous allez vous dire, mais ça ils le savaient pas avant ??? Et bien oui et non… On commence par le rêve dans ce genre de projet, ensuite on affine. Et le rêve était là. Pour tout vous dire, Guirec nous a influencé et fait rêver. On pense encore que ce qu’il a fait est génial (hivernage dans les glaces puis passage du Nord-Ouest). Seulement, il nous a pas dit dans ses aventures qu’on allait consommer autant de Gasoil ! Et nous on aime pas trop ça. En fait c’est qu’une fois le projet bien avancé qu’on s’est vraiment rendu compte que le moteur allait être réellement inévitable et capital. Mais, on s’était tellement concentré sur ce Passage du Nord-Ouest qu’on s’est dit : « c’est trop con d’arrêter maintenant, on verra bien une fois là-haut comment on le sent »…

Icebergs de la baie de Disko
Groenland

4. Être conscient de notre impact en allant dans ces endroits.
En règle générale, le nautisme, est une activité impactante pour des milieux préservés. Une augmentation de la fréquentation entraîne forcément un impacte plus grand, de même que le tourisme. Que ce soit à bord de grand bateau de croisière, de voiliers ou même à terre. Nous participons à cet impact, il convient d’en être conscient et d’agir en conséquence pour limiter nos impacts.

 

5. Notre projet scientifique pas vraiment abouti par manque de temps principalement, hormis des observations sur la biodiversité. Nous n’avons pas mené d’autres récoltes de données ou projet scientifique par manque de moyen et de temps pour créer des partenariats.

Baleine à bosse et mouettes tridactyles

En conclusion

Pour nous ce Passage restera pour quiconque veut le tenter: une aventure hors-norme, avec un impact non négligeable sur cet environnement préservé. C’est comme tout, avec quelques bateaux par année, ça va carrément niveau impact mais avec une nette augmentation de la fréquentation, qu’est-ce que cela deviendra ? Si nous on a voulu s’y rendre, c’est principalement à cause: d’un phénomène de mode du voyage alternatif d’aventure, d’une curiosité envers cet environnement, d’une recherche des derniers espaces « sauvages de la planète » et de la médiatisation autour du passage du Nord-Ouest. 

Peut-être que le Passage du Nord-Ouest deviendra le prochain Everest ? Bien que ça ne risque pas d’atteindre ces proportions (on est loin d’avoir des images de voiliers faisant la queue dans un settlement du Nunavut pour avoir du Gasoil), on souhaite informer sur la dimension impactante de ce projet, surtout la consommation de gasoil.

Bonne aventure à vous, ou bon rêve. Si jamais vous voulez des infos sur le passage du Nord-Ouest ou l’Ouest du Groenland (préparation ou autre, n’hésitez pas à nous contacter, on pourra vous aider).

Nous en attendant, on trace aux Antilles ! On y va pour travailler, se poser et profiter avant un retour en Europe.