Durant notre voyage en voilier, nous avons eu en quelque sorte deux départs, un breton depuis Concarneau et un espagnol depuis Valencia. 

Premier départ: On traverse le Golf de Gascogne en novembre !

L’automne en Bretagne cette année 2023 fut exécrable. Des tempêtes jusque 70 nœuds frappent les côtes bretonnes (rafales à près de 200km/h de vent à la Pointe du Raz). Nous on est dans notre bateau à Vannes bien au chaud mais en gros, on attend une fenêtre… Vannes, au fond du Golfe du Morbihan est même sujette à des inondations conséquentes cette année là. Si bien que notre beau Mano se retrouve plus haut que le quai de pierre ! Chose assez étrange à observer. 

Bref entre ces tempêtes, nous on trépigne, on veut partir ! Bien sûr tout ceux qui naviguent savent bien que les échéances et le voyage en voilier ne font pas bon ménage.. Seulement voilà : il est très dur de s’en détacher ! Nos vies de terriens ou la météo nous rappellent à chaque fois qu’il y a un temps limite à tout. Nous pour partir, on voulait être à Noël à Valencia et passer les fêtes en famille. Il fallait donc pas traîner non plus. On a proposé à quelques copains bretons de partir avec nous pour nous aider à passer ce fameux Golf de Gascogne. 

C’est donc avec une super équipe de 6 navigateurs que nous prévoyons de traverser. Bien sûr, sur ces 6 personnes, certaines ont des obligations de dates. Notamment une amie, Emilie sans qui cette traversée aurait été tout simplement moins marrante..  On regarde donc les fenêtres météo: houle de 6m et plus dans le golf, des vents dépassant les 40 nœuds , bref ça secouait pas mal là-dedans. Mi-novembre le temps se calme un peu, on voit le début d’une fenêtre: 4m de vagues et 25 nœuds de vent au bon plein et derrière, une accalmie, du vent de Nord prévu, 15 nœuds . Ceux qui ont voyagé en voilier sauront: la décision est dur à prendre dans ces conditions. Qu’est-ce que je fais ? Est-ce que ce vent de Nord annoncé va-t-il tenir assez pour traverser ou pas ? Est-ce que j’attends ce vent de Nord et mon amie ne pourra pas traverser avec nous ? 

Nous on a choisi d’embarquer l’amie de prendre nos 4m de vagues au bon plein avec force 6. 

Nous partons donc de Concarneau le 19 novembre après une nuit mouvementée dans l’avant port. On sort du chenal du port et là on voit apparaître les copains qui viennent nous dire au revoir en planche à voile, en Wingfoil: Coco, Matthieu, Pierre, Clément, Taffy, Alice. Un moment magique, mémorable. On sort donc de ce chenal bien connu de l’équipage pour se diriger vers L’archipel des Glénans et quitter les eaux protégés. Le soleil se couche sur le Glénans. Pas un bateau à l’horizon. On part vers le large et la mer grossie. Les vagues frappent la coque et viennent nous tremper. A l’époque, on a pas de capote de roof.  Résultat, on est trempé, on a froid et durant la première nuit: tout l’équipage est malade ! Avec César, nous luttons pour ne pas vomir nos tripes. tous les autres sont KO techniques ou pas loin. Mais bon, on y va, on gère le bateau. On a de la casse au bout d’un moment. Les toilettes se disloquent grâce au derrière de Léo, le rebord de la couchette tribord s’explose sous le poids de César qui se tient pour ne pas se faire projeter par une vague. Et enfin, notre petit pilote automatique lâche. Le gyrocompas est HS.. Impossible de réparer ça sans gerbouiller partout donc on barre. Enfin César barre. 

Puis le vent tourne, on est au travers. ça devient plus soutenable. L’équipage se réveille un peu, reprend des couleurs, commence à ingurgiter au lieu de régurgiter. On observe le bateau. C’est un bordel sans nom. J’ai quand même réussi à réparer la couchette et les toilettes pendant la navigation. Le pilote malheureusement ce sera pour Lisbonne. Le voilier fuse maintenant et prend de la vitesse. On doit freiner le voilier car notre arbre d’hélice vibre trop et les bruits commence à nous faire peur. Dommage car on sent que le bateau en veut plus. 

On arrivera à Lisbonne 5 jours après notre départ de Concarneau. C’était une sacré expérience. Si je devais le refaire, je le referai pour ces moments de vie passés ensemble et pour ce baptême du feu qui nous a donné confiance pour la suite bien que quelques interrogations au sujet du mal de mer également. 

Par contre, juste après nous, des amis ont traversé le Golf de Gascogne avec 15 nœuds de vent au portant et 1m de houle. Je vous explique ça car hormis le fait que nous aurions pu attendre et moins souffrir et moins casser. Partir comme cela signifie prendre des risques: pour le bateau, pour l’équipage et peut remettre en question des projets de voyage.

Il existe nombre d’histoire sur des projets de voyages en voilier qui se sont arrêtés au Golf de Gascogne. Attention donc à ne pas faire vivre un traumatisme aux personnes présentes dans le voilier. Malgré l’envie de partir qui est grande. Ne pas les dégoûter de la voile à peine parti. En tant que capitaine c’est de votre responsabilité que les traversées se passent bien, autant au niveau de l’ambiance que de la sécurité de l’équipage. Nous ça sera un bilan mitigé niveau plaisir, mais une belle expérience de navigation. Un copain nous a dit qu’il refera certainement pas des navigations comme ça. (jusqu’à ce que ses potes le traquenardent à nouveau dans un super plan bateau).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *